Kokin waka shû. Recueil de poèmes japonais d’hier et d’aujourd’huiミシェル・ヴィエイヤール=バロン氏『古今和歌集』は最初の勅撰和歌集です。905年頃、醍醐天皇はその編纂を紀友則、紀貫之、大凡河内躬恒、壬生忠岑という著名な四歌人に託しました。『古今和歌集』には 一世紀半にわたる歌創作を象徴する1111首の歌が収められており、そのほとんどは 五七五七七(三一字)の歌で、和歌または短歌とも呼ばれる詩歌です。この集には、122人の歌人の名前が見え、そのうち26人は女性です。仮名序(紀貫之執筆)真名序(紀淑望執筆)の両序も有しています。紀貫之が書いた仮名序は頻繁に引用され、和歌についての最初の考察、最初の歌論と見なされています。『古今和歌集』の特徴のひとつは、歌の分類に細心の注意が払われていることです。『古今和歌集』は、和歌は歌人別、または詠まれた年代順に並べられた単純なアンソロジーではありません。和歌は主題ごとに配列され、主題の展開を追うように並べられています。つまり、最初の6巻(巻第1 から巻第6 まで)は四季の和歌で、立春から冬の最後の日までの1年間を描いています。同様に、恋の和歌(巻第十一から巻第十五まで)は、憧れの人に恋心を打ち明ける勇気がない恋の始まりから、倦怠、別離に至るまで、恋の行方を描写するように配置されています。この和歌の並べ方は選者の素晴らしい発明であり、『古今和歌集』を見事な構成のオリジナルな作品にしています。 『古今和歌集』のような重要な作品を初めて全文フランス語に翻訳するとき、それまでは両序と和歌80首だけがジョルジュ・ボノーによって翻訳され1933年から、1935年にかけて出版されただけだったので、非常に不安でした。成功するだろうか?不可能な仕事ではないのか?翻訳作業には2015年から2020年までの5年間を要したので、ちょうどコヴィッドの流行が世界を、そしてフランスを襲った頃に翻訳を終えました。ロックダウンの措置が取られた時、私は最後の和歌の一つ一つを翻訳していました。和歌の美しさのおかげで、この不安な時間に耐えることができたのです。翻訳を終えて、友人で和歌の専門家でもある寺田澄江氏が、原文と比較しながら私の翻訳を全文チェックしてくれました。寺田澄江氏の文語の深い知識のおかげで、私が見落とした微妙なニュアンスに気付かされ、和歌の翻訳について一緒に話したおかげで、翻訳は改善されました。寺田澄江氏に深く感謝しています。 『古今和歌集』の翻訳が出版された時、フランスの読者にどのように受けいれられるだろうかと少々心配でした。しかし、すぐ多くの祝福のメッセージをいただき、中には和歌の美しさに圧倒されたという読者もいました。賭けに勝ったわけです。私の翻訳は、碑文・文芸アカデミーのジル・メダルと小西財団特別賞の2つの賞を受賞しました。この2つの賞は新しいプロジェクトに取り組む勇気を与えてくれるものです。この新しいプロジェクトは 後鳥羽上皇の勅命により1210年に編纂された 第8勅撰集『新古今和歌集』の完全翻訳です。 |
Le Kokin waka shû, Recueil de poèmes japonais d’hier et d’aujourd’hui est la première des « anthologies de poèmes en japonais compilée sur ordre impérial » (chokusen wakashû). Vers 905, l’empereur DAIGO en ordonna la compilation qui fut confiée à quatre éminents poètes : KI no Tomonori, KI no Tsurayuki, ÔSHIKÔCHI no Mitsune et MIBU no Tadamine. L’anthologie rassemble mille cent onze poèmes, presque tous des waka (poèmes de 31 syllabes, genre poétique également appelé tanka ou « poème court »), représentant un siècle et demi de création poétique. On relève dans le recueil les noms de cent-vingt-deux poètes, dont vingt-six femmes. Le recueil est pourvu de deux préfaces : une en japonais, écrite par KI no Tsurayuki, l’autre en chinois, écrite par KI no Yoshimochi. La préface en japonais de Tsurayuki, souvent citée, est considérée comme le texte fondateur de la réflexion poétique japonaise. Une des particularités du Kokin waka shû est le soin extrême apporté au classement des poèmes. En effet, il ne s’agit pas d’une simple anthologie où les poèmes seraient rangés par auteurs ou par ordre chronologique de composition. Dans le Kokin waka shû les poèmes sont distribués par sujets et rangés de manière à suggérer le déploiement d’un thème. Ainsi les six premiers livres (Livre I à VI), des poèmes de saison, décrivent-ils une année entière depuis le premier jour du printemps jusqu’au dernier jour de l’hiver. De même les poèmes d’amour (livres XI à XV) sont-ils rangés de manière à décrire le déroulement d’une relation amoureuse, depuis la passion qui n’ose s’avouer, jusqu’à la lassitude et la séparation. Ce mode d’agencement des poèmes – invention géniale des compilateurs – fait du Kokin waka shû une œuvre originale magistralement construite. Lorsqu’on traduit pour la première fois intégralement en français une œuvre aussi importante que le Kokin waka shû (seules les deux préfaces et 80 waka avaient été traduits et publiés par Georges Bonneau en 1933, 1934 et 1935), on éprouve une certaine appréhension. Va-t-on réussir ? N’est-ce pas une tâche impossible? Le travail de traduction aura duré 5 ans, de 2015 à 2020 : je l’ai donc terminé au moment où l’épidémie de covid s’est abattue sur le monde et la France. Pendant le confinement, je traduisais un à un les derniers poèmes. La beauté de la poésie m’a permis de supporter cette période tellement anxiogène. Une fois ma traduction terminée, ma collègue et amie TERADA Sumie, également spécialiste de poésie japonaise classique, a accepté de la relire entièrement en comparant avec l’original japonais. Grâce à sa connaissance très fine de la langue japonaise classique elle m’a fait prendre conscience d’aspects de la langue qui m’avaient échappés. Nos discussions autour de la traduction des poèmes m’ont permis d’améliorer sensiblement la traduction. Je lui en suis très reconnaissant. Une fois le texte publié, je me suis demandé quel serait l’accueil des lecteurs français. Cet accueil a dépassé mes espérances : j’ai reçu beaucoup de messages de félicitations. Certains lecteurs m’ont confié avoir été bouleversés par la beauté des poèmes. Le pari était donc gagné. Ma traduction a été récompensée par deux prix : la médaille Gilles de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres et le Prix spécial Konishi. Ces prix qui m’honorent me donnent le courage d’entreprendre mon nouveau projet : la traduction du Shin Kokin waka shû, Nouveau Recueil de poèmes japonais d’hier et d’aujourd’hui, la huitième anthologie impériale compilée en 1205 sur ordre de l’empereur GOTOBA. |