L’Été de la sorcière est le tout premier roman de Nashiki Kaho, qui a puisé dans ses souvenirs d’enfance pour l’écrire. L’Été de la sorcière est avant tout une histoire d’amour. L’amour entre Mai, une enfant « difficile à comprendre », et sa grand-mère d’origine anglaise, installée au Japon depuis de très longues années, où elle mène une existence calme et rythmée.
À l’annonce de la mort de sa grand-mère adorée, Mai se retrouve transportée deux ans en arrière, lorsqu’elle était encore une enfant angoissée, aux émotions exacerbées, qui ne voulait plus retourner en classe, et se souvient de cet été, le dernier et le plus important de tous, passé auprès de la vieille dame, qu’elle surnomme affectueusement la Sorcière de l’ouest.
Et sorcière, cette grand-mère l’est à sa manière, car c’est une femme pleine de sagesse, à l’écoute de la nature, qui sait manier les plantes, et qui, surtout, se connaît elle-même.
La vie est simple, dans ce coin de nature, où Mai a été envoyée pour se reposer. Cueillir des fraises sauvages pour préparer des confitures, laver les draps à la main, prendre soin du potager, nourrir les poules et ramasser les œufs frais… Aux côtés de la vieille dame, Mai va découvrir le pouvoir et la force des gestes du quotidien, qui permettent de dompter ses émotions et de chasser l’angoisse. Elle va apprendre à observer, écouter et ressentir, à éloigner les démons, à décider par elle-même, et, enfin, à s’accepter. Guidée par sa grand-mère, la petite fille va, en un mot, apprendre à devenir une sorcière.
Si la première partie du roman, l’histoire principale, a été écrite il y a plus de 25 ans, les trois autres parties qui le composent ont été rédigées bien des années plus tard par l’auteure, qui nous offre, par cette démarche, trois tranches de vie supplémentaires, dont le monologue de la grand-mère, qui intervient après le départ de la petite fille. L’Été de la sorcière est un roman où l’on peut prendre le temps de s’émerveiller, et qui aborde, toujours avec douceur, des sujets graves, comme le deuil, la différence, la solitude ou encore la quête d’identité. C’est aussi une ode à la nature, aux petits plaisirs de la vie, une célébration de la vieillesse, et de la transmission. L’écriture, contemplative, est ponctuée de délicates descriptions de la nature et des sentiments.
Le défi pour moi a été de saisir et de transmettre au mieux le flot envahissant des émotions qui submerge la petite fille à fleur de peau. D’entendre sa voix, et de la transcrire le plus fidèlement possible.
Dans la postface, Nashiki Kaho résume en quelques mots le message de son roman : « nous n’avons pas besoin de parler d’une voix forte, nous pouvons tout à fait communiquer avec une petite voix. »
Un message que j’ai choisi de chuchoter à mon tour.