受賞者による作品紹介


『ある日本人のあめりか放浪記』
ジェラルド・プルー氏


『Chroniques d’un trimardeur japonais en Amérique』の短編集を構成している短編は、谷譲次(牧逸馬と林不忘のペンネームでも知られている)によって書かれました。「めりけんじゃっぷもの」とも呼ばれているこれらの短編の大多数は1925年から1928年まで『新青年』という雑誌に掲載されました。
佐渡島に生まれた谷譲次は、子供時代を函館で過ごした後、1920年に米国オーバリン大学へ留学に赴きますが、到着直後退学してしまい、シカゴ、デトロイト、クリーブランド、そしてニューヨークを往復しながら米国中西部を中心に放浪生活を始めます。1924年に貨物船に乗船して日本に帰国し、1925年1月、『新青年』にいわゆる「めりけんじゃっぷもの」の初めての作品を公開します。
私が魅了したのは、この短編の形式の新鮮さと取り上げられている当時まだ珍しいテーマです。新鮮だと言えるのは、それぞれのテキストが複雑な文章構成、ジャズ的な繰り返しやインプロビゼーション、日本語と英語の混合文体、ナンセンス的なユーモアなどによって、日本語の可能性が問われるほど、操られているからです。しかも、1920年代の米国で生まれつつある大衆文化における日本人移民、人種差別と人種摩擦、アイデンティティの問題など、同年代の日本文学にはあまり見られない問題を取り上げているからです。読者達は、ナレーターの目を通じて、ルドルフ・ヴァレンティノ、チャールズ・チャップリン、野球選手のベーブ・ルースばかりでなく、T型フォード 、どこを見ても圧倒されてしまう広告など、アメリカの狂騒の20年代のアイコンに逢うことができるのです。
谷譲次の「めりけんじゃっぷもの」を翻訳する作業は、私から見ると最初は全く不可能に見えました。数年前エマニュエル・ロズラン先生に聞いていただいた谷譲次の作品についての発表をキッカケに、翻訳したらどうかと、先生に激励されたとき、感動しながらも、疑問が少なくはありませんでした。プロ翻訳者ではない私は、翻訳する資格があるかどうか、不安だったのです。しかしながら、日本文学のほかの一面を紹介したい意志に駆られ、最初に感じた躊躇を乗り越えてこのような作品の難点に直面することにしました。谷譲次の独特な文章をどうフランス語にすればいいか、日本語・英語の複雑な混合文体をどうフランス語に置き換えるか、1920年代のアメリカ大衆文化の文化表象の目まぐるしい言及で21世紀の読者が迷わないようにどうすればいいか、といったような課題は、翻訳作業の始めから終わりまで私を離しませんでした。
禁酒法時代の米国の、生命力に溢れた描写でもあるこれらの短編の翻訳は、文学的な挑戦であると当時に、当時の米国文化の考古学書誌ともなりました。

Chroniques d’un trimardeur japonais en Amérique
Gérald PELOUX


Les nouvelles qui composent le recueil Chroniques d’un trimardeur japonais en Amérique sont l’œuvre de l’écrivain Tani Jōji, connu également sous les noms de plume Maki Itsuma et Hayashi Fubō. Souvent réunies sous le terme de « récits jap-américains », elles ont principalement été publiées entre 1925 et 1928 dans la revue Shinseinen.
Né sur l’île de Sado et ayant vécu toute son enfance à Hakodate, sur l’île de Hokkaïdo, il quitte le Japon en 1920 pour faire des études à l’université d’Oberlin aux États-Unis. Cependant, il abandonne presque aussitôt ses études et se lance sur les routes américaines, dans la région du Midwest. Sans aucune attache, il vit entre Chicago, Detroit, Cleveland et New York. En 1924, il embarque sur un navire qui lui permet de revenir au Japon et commence à rédiger ses souvenirs qu’il publie dès janvier 1925 dans Shinseinen.
Ces nouvelles m’ont tout de suite fasciné pour leur aspect novateur et pour les thématiques qu’elles abordent. Novateur car ces courts récits poussent la langue japonaise dans ses retranchements : phrases à la syntaxe complexe, structure jazzy du récit avec répétitions et improvisations, mélange incessant d’anglais et de japonais, humour absurde. Ces nouvelles abordent d’autre part des questions encore peu présentes dans la littérature japonaise des années 1920 : immigration japonaise, discrimination et tension raciales, questions identitaires, le tout dans le contexte de la naissance d’une culture populaire de masse que connaissent les États-Unis durant cette période. Le lecteur, à travers le regard du narrateur, rencontre les icônes des Années folles américaines : Rudolph Valentino, Charlie Chaplin, le joueur de baseball Babe Ruth, mais aussi la Ford T ou la publicité omniprésente.
Traduire les nouvelles américaines de Tani Jōji m’a paru dans un premier temps impossible. J’y avais été encouragé par Emmanuel Lozerand qui m’avait écouté présenter pour la première fois cet auteur il y a déjà quelques années. J’avais été tout autant enthousiasmé que dubitatif. Je ne suis pas un traducteur professionnel et ne me considérais pas légitime. Cependant, le désir de montrer aux lecteurs une autre littérature japonaise m’a permis de dépasser ce premier moment d’hésitation et de me confronter aux difficultés inhérentes à ce type d’écriture : comment rendre le style si déroutant de l’auteur ? Comment traduire les jeux graphiques très complexes lorsque Tani Jōji écrit parallèlement en japonais et en anglais ? Comment ne pas perdre le lecteur du XXIème siècle dans les innombrables références à la culture populaire américaine des années 1920 ? Toutes ces questions n’ont cessé de m’accompagner durant cette traduction.
Ces nouvelles forment ainsi un véritable tableau vivant de l’Amérique de la Prohibition et leur traduction, outre un évident exercice de style, s’est révélée in fine une véritable archéologie de cette période.