受賞者による作品紹介

『日本政治思想史研究』
ジャック・ジョリ氏

 

『日本政治思想史研究』の仏訳は1980年代に始まった仕事であり、私の人生の大部分を費やした活動と言っても過言ではありません。この企画は、偉大な2人の人物の強い願いによって始まりました。1人目はミシェル・フーコーです。彼は1970年の2度目の来日のさい、丸山先生と対談を行い、コレージュ・ド・フランスで講義をしてもらえないかと依頼しましたが、丸山先生は「フランス語が苦手だから」と言って招待を辞退したのでした。2人目はクロード・レヴィ=ストロース。日本に興味を持っていた彼は、丸山先生との対談の後、ガリマール書店に頼んで、雑誌「ル・デバ」の創刊号に『日本政治思想史研究』を紹介する文章を掲載しました。

こうして、この翻訳プロジェクトは、1981年、当時の「ル・デバ」編集長、現在はアカデミー会員であるピエール・ノラの監修のもと、ガリマールから出版される予定で動き始めました。当時若い書生であった私にとって、翻訳作業は大きな苦労を伴うもので、第一段階として第1章が出版されたのは15年後のことでした。出版社は、当初の予定とは異なり、フランソワ・ジュリアンが編集長を務めたフランス大学出版局のオリアンタール叢書となりました。

ついに2010年、私は、大学退職をきっかけとして、この作品の翻訳をゼロから再開し、第3章の終わりまでたどり着きました。この出版企画を最後までやり遂げることができたのは、何よりもまず、レ・ベル・レトル社の日本叢書共同責任者エマニュエル・ロズラン先生のおかげです。フランス大学出版局から出版を拒否され、ロズラン先生にご相談したとき、先生は大喜びですぐに私の翻訳の提案を受け入れ、熱心に出版まで担当してくださいました。厚くお礼申し上げます。また企画開始からずっと励まし続けてくださったパリ第七大学元教授、恩師ピジョー先生にもお礼を申し上げます。

以上が『日本政治思想史研究』の完全なフランス語翻訳が完成するまでの約40年の物語です。元来、この作品は1952年に初版が出ましたが、1940年から1944年までに「国家学会雑誌」で発表された三つの論文で構成されているのですから、その論文の着想から完全仏訳までは実に80年もの時間を要したことになるのです!

出版に時間がかかったのは私の仕事の事情によるものですが、それには原作の文章の難解さも影響しています。原作は、博引傍証の論文で、江戸時代や明治時代の漢文体で書かれた長い引用が至る所に登場するので、注の編集だけで2年程度かかりました。

もう一つ苦労した点は、丸山はドイツ哲学や社会学の原典にあたることが多かったので、私はドイツ語からフランス語への翻訳もしなければならなかったことです。その作業を通して、社会科学分野における独仏翻訳がいかに進んでいないか、時に基本的な文献でさえ翻訳がなされていないということを痛感しました。ドイツ学問への参照は、引用文にとどまらず、丸山の時代の知識人たちが使用した概念的な用語にも浸透しています。

非常に残念なことに、これまでフランス語圏の読者たちは、丸山の作品に出会う機会を逸してきました。ただし、ルネ・ド・ベルヴァールが開拓者の役割を果たしたことをここで認めておきましょう。彼は、1961年、雑誌「フランス・アジア」の中で、丸山の論説『日本におけるナショナリズム』のフランス語訳を掲載しました。

したがって、『日本政治思想史研究』の仏訳が出版されるという段階にたどり着くことが大切なことであり、何より作品自体が非常に重要なものでした。この作品はまさに、日本政治思想史という新しい領域の最初の作品であると同時に、江戸時代のイメージを一変させ、その研究において現在でも弱まることのない飛躍を吹き込んだ名作といえましょう。数年前に起こった「江戸ブーム」はその証拠の一つです。この作品は、今日もなお参考書として存在しており、後で非難を受けることもありますが、記事の冒頭では必ず引用されています。

作品の内容に目を向けると、近代性の概念が至る所に登場します。丸山は、その前提を江戸時代の学術的論文、主に荻生徂徠と本居宣長の論文における歴史意識の出現から引き出すことに成功しています。しかし、丸山自身、もう一つのアプローチへと我々を誘うのです。それは、より巧妙な、論説が書かれた時代の悲劇的な状況を明らかにするアプローチです。「一つのいわば超学問的動機もここにあった」。この動機とは、当時の独裁的秩序に対する抵抗という動機です。江戸時代以降の作品にある歴史意識を明らかにすること。近代性は、拒否すべき、あるいは「超えるべき」西洋の特質なのではなく、開花せずに超国家主義へと変貌してしまったとはいえ「神国」にも存在したことを証明すること。そのあとにこの概念が歴史の産物であることを示すことによって、日本が内在的する性質として国家主義思想を覆すこと。尊王思想は明治時代ではなく徳川時代からのものであったことを証明すること。「同じ木に同時に花と実が咲き美ることを望むのは愚かなことにちがひない…」という言葉で第1章を終えることによって、過去の復興(神話)により現在の問題(近代性)を解決するのは絶対に不可能だとあえて断言して見せること。これほどの提案は、当時の日本帝国を支配していた全体主義的秩序を内側から攻撃するものであったに違いありません。

もっとも、20世紀の偉大な市民である丸山は、戦後の平和問題に関する討論会などで、生涯にわたってこの種の抵抗を続けることとなります。その点において『日本政治思想史研究』は、学問的知識をヒューマニズム的価値観に応用したものだということができるでしょう。

Essais sur l’histoire de la pensée politique au Japon
Jacques JOLY

Cette traduction des Essais sur l’histoire de la pensée politique au Japon fut un travail qui a accompagné une bonne partie de ma vie puisqu’il prend son origine au début des années 80, avec deux grands noms : Michel Foucault qui rencontra Maruyama Masao lors de son second voyage au Japon en Avril 1978 et lui proposa de tenir une série de conférences au Collège de France, proposition que Maruyama refusa, par crainte de ne pouvoir s'exprimer correctement dans notre langue, puis Claude Lévi-Strauss dont l'intérêt envers le Japon était bien connu, et qui fit lancer le projet après une rencontre avec l'auteur en faisant paraître en 1980 dans le n° inaugural de la Revue Le Débat un encart consacré à Maruyama Masao.

Par suite, la présente traduction est l'aboutissement d'un travail entamé en 1981, prévu pour paraître chez Gallimard sous la direction de l’Académicien Pierre Nora, alors directeur du Débat, cela bien difficilement par l’étudiant que nous étions à l’époque, si fait qu’il fallut attendre une quinzaine d’années avant que, à titre de première étape, paraisse l’Essai I. chez un autre éditeur, les Presses Universitaires de France dans la collection « Orientales » dirigée par François Jullien.

Enfin, en 2010, à la faveur de ma retraite de mon université, j’ai repris à zéro le travail de traduction pour le conduire jusqu’à la fin de l’Essai Trois.

Que la finalisation de ce projet ait eu lieu aux Belles-Lettres, dans la collection Japon, est à attribuer en premier au crédit de Monsieur Emmanuel Lozerand, co-directeur de collection, à qui il convient d'adresser nos premiers et plus profonds remerciements en raison de l'enthousiasme avec lequel il répondit à notre proposition de traduction et de la tenacité dont il fit preuve ensuite afin d'en mener à bien la publication. Nous ne pouvons oublier non plus Mlle Pigeot, Professeur émérite à l'Université Paris VII, sans les encouragements de qui ce projet de traduction, un temps partiellement abandonné, n'aurait pu voir le jour.

C’est donc une histoire proche de quarante années que clôt la parution fin 2018 d’une traduction complète de cet ouvrage paru en 1952 aux Presses de l'Université de Tôkyô, et lorsqu’on pense que ce même ouvrage était lui-même constitué de la réunion de trois articles, parus précédemment dans la revue de l’Université de Tôkyô, Kokka gakkai zasshi entre 1940 et 1944, il faut confesser que c’est près de quatre vingts années qui se sont écoulées entre leur conception et leur traduction complète en français !

Le retard mis à l'exécution du projet éditorial en son entier tient principalement en diverses circonstances professionnelles dont la responsabilité nous revient en premier mais repose également dans la difficulté présentée par le texte lui-même qui consiste souvent en un long exposé érudit émaillé de nombreuses citations de textes et de poèmes anciens, chinois et japonais. C’est ainsi que j’évalue à peu près à deux années le temps consacré à la seule rédaction des notes.

Maruyama puisant souvent à des sources germanophones, il me fallut aussi me transformer en traducteur allemand- français, ce qui, en passant, me fit prendre pleinement conscience de l’indigence de la traduction en français des ouvrages allemands, quelquefois fondamentaux dans leur discipline. Référence germaphone qui ne s’arrête d’ailleurs pas aux citations mais imprègne aussi le vocabulaire conceptuel utilisé par les intellectuels du temps de Maruyama.

Il apparaît navrant que trop souvent le public francophone ait trop souvent manqué son rendez-vous avec cet auteur. Rendons justice toutefois à René de Berval qui fit œuvre de pionnier en publiant en 1961, dans sa revue France-Asia, la première traduction en français d'un article de Maruyama intitulé : Caractéristiques du nationalisme japonais.

Il était donc important d’atteindre le niveau de la publication pour cet ouvrage, lui-même très important en soi. Évidemment, l’ouvrage fut magistralement le livre inaugural d’une nouvelle discipline : l’histoire des idées politiques au Japon, en même temps qu’il contribua à renouveler complètement l’image de la société d’Edo dans l’étude de laquelle il insuffla un élan toujours non démenti comme le témoigna le « Edo boom » d’il y a quelques années. Aujourd’hui encore, il reste l’ouvrage de référence que l’on cite en début d’article, quitte à le contredire par la suite.

Et si l’on se tourne vers son contenu, il est hanté par l’idée de modernité dont Maruyama arrive à dégager les prémisses dans la découverte d’une conscience historique dans le discours intellectuel de l’époque d’Edo, principalement celui d’Ogyû Sorai et de Moto’ori Norinaga.

Mais Maruyama nous invite à une approche plus fine, révélatrice des circonstances dramatiques de l’époque où les articles furent composés.« Se cramponnait à mes recherches …, un autre motif, pour ainsi dire, extra-académique », ce motif était celui de la résistance contre l’ordre fasciste de l’époque car, mettre au jour une conscience historique à l’œuvre dès l’époque d’Edo, démontrer que la modernité n’était pas une spécialité de l’Occident, à rejeter ou à «dépasser», qu’elle fut présente aussi au «Pays des dieux» même si elle ne put s’épanouir et qu’elle dégénéra en ultra-nationalisme, réfuter l'idée du nationalisme japonais comme caractère intrinsèque de cette même nation en montrant par la suite que cette notion est un produit de l’histoire, prouver que l'idéologie de révérence à l'Empereur (sonnô shisô) ne date pas de l'ère Meiji, mais du début de l'époque des Tokugawa, et enfin oser affirmer qu'on ne pouvait régler les problèmes du présent par une restauration du passé en concluant l’Essai Premier de cette phrase : « il serait bien insensé d'exiger du même arbre qu'il nous offre au même moment ses fleurs et ses fruits», c’est-à-dire ses mythes et la modernité : voilà autant de propositions qui attaquaient de l’intérieur l’ordre totalitaire régnant au Japon de l’époque.

Cette résistance, on le sait, Maruyama, ce grand citoyen du XXe siècle, la poursuivra toute sa vie, notamment par son action déterminante à l’occasion du Comité de discussion sur la Paix dans les années d’après-guerre, de ce point de vue, ces Essais sur l’histoire de la pensée politique au Japon mettent un savoir intellectuel au service des valeurs humanistes.