『孤島の鬼』都・スロコンブ氏1929年から1930年にかけて連載された長編小説・『孤島の鬼』には江戸川乱歩特有のテーマが集結している:探偵小説、冒険小説、サーカスや見世物の世界、そしてエロティシズムとグロテスクを混ぜ合わせた雰囲気。 過去に経験した恐ろしい出来事により、箕浦金之助は三十にもならないのに髪が白髪である。そして 彼の妻の不思議な身体の傷痕。箕浦はこれらの原因となった経緯を読者に語っていく。それは箕浦の婚約者の不可解な死からはじまり、友人の死へと続いていく。科学者諸戸と共に捜査を進めていくうち、恐ろしい犯罪の隠されている離島に訪れることになる … 江戸川乱歩の数ある小説の中でも『孤島の鬼』は最も印象に残った作品である。ある日、この話をWombat社のFrédéric Brumentにすると、フランス語版の出版を提案された。日本の推理小説の巨匠の翻訳。それは想像もしなかった事であり又その機会がこんなに早く来るとは。その上かなりの長編小説であったため、ためらいがあったが、とにかく最初の二章を翻訳してみることになった。最初の段階はとてもつらく、江戸川乱歩の独特な、その時代の作風、乱歩の文章から漂っている不思議な印象をうまくフランス語に訳せないのではないかと 何度も諦めようと思ったが、ちょうどその頃フランスに招待されていた漫画家・丸尾末広の通訳の機会が。江戸川乱歩の作品を漫画化したことでも有名な丸尾末広の作品は、ほぼ十年前から翻訳しており、この『孤島の鬼』の企画と、今自分が悩んでいることについて相談すると、「『孤島の鬼』、是非やってください!」と勇気づけられた。それはごく普通な、パリの夜の、道端での会話だったが、その瞬間最後までやり遂げようと思った。翻訳中はずっと、江戸川乱歩に近い世界に浸るため、コナン・ドイルのフランス語訳や、モーパッサンの不思議な物語を読んだりした。『孤島の鬼』を何度も読み返し、翻訳を本格的にはじめて気づいたのは、乱歩の文章は意図がはっきりしていて、作家がどこに読者を連れて行こうとしているのか、何故こういった言い回しを選ぶのか、とてもわかりやすいことだ。そのおかげで、延々とどういう風に翻訳しようかと悩むことなく、作業を進めることができたように感じる。また、小説家である父は貴重な助言を与えてくれ、翻訳中ずっと支えてくれた。 |
『Le démon de l’île solitair』Miyako SLOCOMBERoman paru sous forme de feuilleton au Japon entre 1929 et 1930, Le Démon de l’île solitaire rassemble les différents thèmes chers à Edogawa Ranpo : roman de détective, roman d’aventure, allusions à l’univers du cirque et des misemono, le tout dans une ambiance mêlant érotisme et grotesque. Minoura est un jeune homme dont les cheveux ont blanchi suite à une expérience terrifiante qu’il a vécue dans le passé. Sa femme, quant à elle, porte une étrange cicatrice recouvrant largement sa hanche gauche. Minoura va entreprendre un long récit pour raconter les circonstances ayant été à l’origine de ces stigmates : l’assassinat mystérieux de sa fiancée, suivi de la mort brutale de son ami détective, puis l’enquête menée avec Moroto, jeune scientifique au passé trouble, qui va le conduire jusqu’à une île perdue où sont commis des crimes atroces… Parmi les romans de Ranpo, dont je suis une lectrice assidue, Le Démon de l’île solitaire est un ouvrage qui m’a particulièrement marquée. Un jour, j’ai parlé de ce livre à Frédéric Brument, des éditions Wombat, et il a suggéré l’idée de le publier en français. « Oser » traduire ce grand maître du roman policier ne m’était pas venu à l’esprit (du moins, pas si tôt), et j’avais quelques réserves, d’autant plus qu’il s’agissait d’un roman long, mais nous avons convenu que je ferais un essai sur les deux premiers chapitres. Les débuts furent laborieux : je me sentais incapable de rendre en français son écriture si particulière, les caractéristiques stylistiques de l’époque, l’étrangeté qui se dégage de ses phrases… Plusieurs fois je me suis dit que je serais incapable de mener à bien cette traduction. Au même moment, j’ai accompagné, en tant qu’interprète, l’auteur Maruo Suehiro, dont je traduis les mangas, lors de sa venue en France. Maruo étant connu pour ses adaptations d’œuvres de Ranpo, je lui ai parlé de ce projet et de mes doutes, mais il m’a vivement encouragée à traduire cette œuvre en français. C’était une conversation insignifiante, un soir dans les rues de Paris, mais je me suis dit à ce moment-là que j’irais au bout de ce projet. Tout au long de la traduction de l’ouvrage, je me suis baignée le plus possible dans un univers proche de Ranpo, lisant des traductions françaises de Conan Doyle ou encore des histoires fantastiques de Maupassant. Une fois lancée, assez vite je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de très agréable dans l’écriture de Ranpo : ses intentions sont très claires, on sent où il veut mener le lecteur, pourquoi il formule ses phrases d’une certaine manière, ce qui facilite la tâche du traducteur, lequel n’a pas à hésiter indéfiniment entre plusieurs choix de traduction possible. J’ai également eu la chance de bénéficier des conseils avisés de mon père, écrivain et japonophone, qui lui aussi m’a encouragée tout au long de la traduction. |