『病牀六尺』エマニュエル・ロズラン氏初めて私が『病牀六尺』の一部分を読んだのは、ジャン=ジャック・オリガス教授の修士課程のゼミでのことでした。私はこの作品がすぐに好きになりました。なぜなら、この作品には一種の力強さ、世界における存在感、 精神の鋭敏と感情の融合があり、それが私をすぐに魅了したのです。とはいえ、それを将来翻訳することになろうとは思ってもみませんでした! このたったの数行を理解するのが、すでに非常に困難だったのです。 月日は過ぎ、私自身が授業でこの作品の抜粋を分析し、翻訳する番になりました。徐々に私は大胆になっていきました。そして、ある日ついに思ったのです。全訳を試みるべきではないか! すると、手ごわい問題が持ち上がりました。『病牀六尺』はそれほど長くないにもかかわらず、実にさまざまな主題が扱われているのです。正岡子規は順々に、絵画、詩、演劇、宗教、歴史、地理について語り、そればかりか、狩り、釣り、流行、料理、根岸地区、新聞を賑わしている時事問題についても触れ、花、鳥、子供時代の回想にまでその主題は及びます。そして、これらは、真の世界に「恋する辞書」をなすいくつかの例に過ぎません。つまり、子規が何について語っているのかよく理解するために、訳者は百科事典編纂者とならなければならないのです。 より困難な問題は、『病牀六尺』の著者が実にさまざまな文章を書いていることです。日記、書簡(受け取ったものと送ったものの両方を含む)、リスト、詩(俳句、和歌、長歌、漢詩、新体詩)、逸話、回想、夢、寸劇、論争文、攻撃文、絵画の分析、評論、考察等々……。しかも、子規は予告なしに文語文から口語文へ、あるテクストから別のテクストへ、時には一つのテクストの内部で移動するのです。 このような多様性は、訳者に大きな柔軟性を要求します。よって、この作品の翻訳は、当然のことながら挑戦であると同時に、すばらしいエネルギー源でもありました。なぜなら、子規のエクリチュールは、体液だからです。それは、病んだ身体から直接わき出しているとともに、生き生きとして、エネルギーに満ちています。そして、絶え間なく驚きを誘い、魅了するのです。 子規の作品を翻訳することは、彼自身が述べているように、苦痛を受け入れて世界の美しさに敏感になることなのです。 |
『Un lit de malade, six pieds de long』 Emmanuel LOZERANDLa première fois que j’ai lu un passage d’Un lit de malade six pieds de long, c’était dans le séminaire de maîtrise du professeur Jean-Jacques Origas. J’ai tout de suite aimé cette œuvre. Il y avait là une intensité, une présence au monde, un mélange d’émotion et de vivacité d’esprit, qui m’ont immédiatement séduit. Mais jamais je n’aurais imaginé la traduire un jour ! J’avais déjà tant de mal à comprendre ces quelques lignes. Les années ont passé et, à mon tour, j’ai étudié et traduit dans mes cours quelques extraits de l’œuvre. Je me suis peu à peu enhardi. Et un jour je me suis enfin dit : il faut tenter une traduction intégrale ! Des problèmes redoutables se sont alors présentés. En effet, bien qu’Un lit de malade six pieds de long ne soit pas un très long texte, Shiki y traite des sujets les plus divers : il parle tour à tour de peinture, de poésie, de théâtre, de religion, d’histoire, de géographie, mais aussi de chasse, de pêche, de mode, de cuisine, du quartier de Negishi, de l’actualité des journaux, sans oublier les fleurs, les oiseaux, ou les souvenirs d’enfance. Et ce ne sont que quelques exemples de ce qui constitue un véritable « dictionnaire amoureux » du monde. Le traducteur a donc dû se faire encyclopédiste pour bien comprendre de quoi parlait Shiki. Plus difficile encore, l’auteur d’Un lit de malade six pieds de long recourt à une grande variété de discours : pages de journal intime, lettres (reçues ou envoyées), listes, poèmes (haiku, waka, poèmes longs, poèmes sino-japonais, occidentaux), anecdotes, récits de souvenir, de rêve, saynètes, débats et polémiques, analyses de tableaux, critiques, réflexions… Sans compter que Shiki passe sans crier gare de la langue classique à la langue moderne, d’un texte à l’autre, et parfois à l’intérieur d’un même texte. Toute cette variété oblige le traducteur à une grande souplesse. Elle fut donc un défi, bien sûr, mais aussi une formidable source d’énergie. Car l’écriture de Shiki est humorale, elle sourd directement de son corps malade, mais aussi vivant et plein d’énergie. Sans cesse elle surprend et elle charme. Traduire Shiki, c’est, comme il le dit lui-même, accepter la souffrance et se rendre sensible à la beauté du monde. |