芥川龍之介の短編集「馬の脚」の翻訳を振り返ってあたかも人生における長旅のように文芸翻訳の出版計画は訳者にとって途轍もなく大きな位置を占めることがあるものです。今回、芥川龍之介の短編小説から17編を選びフランス語に翻訳し短編集「馬の脚」として上梓しましたが、短編一つ一つは長いものでも20ページ足らず、短いものは5ページに過ぎません。 読者の便宜などを考え作家が好んで扱う題材ごとに五つに分け体裁を整えましたが、短編集としての地味な出版計画以外のものではなかったのです。それにも拘らず、その短編集は20年以上にわたり私の仕事の相棒であるPCのメモリーの中に頻繁に出入りをしながら居座ることになりました。 芥川龍之介に1冊を割り振るというプレイヤード叢書の当初の計画は多少夢のあるものではありましたが、いつの間にか暗礁に乗り上げていました。私は重い気持ちで時たまファイルを開けては短編の一つや二つの翻訳に修正を加える作業を続けていましたが、知人や同業者に「どうだ。捗っているのか、君の芥川は」とちょっかいをよく出されたものです。全てを没にしてマウスの大胆なクリックでファイルを消してしまいたい気持ちに駆られながらも決心がつかず、時だけは過ぎていました。 そうこうする内にジュネーブ大学名誉教授の二宮正之先生とレ・ベル・レトル社の日本叢書共同責任者エマニュエル・ロズラン氏が出版の目当てもない翻訳に助け舟を出してくれました。両氏のおかげでレ・ベル・レトル社によって私の長年の苦労は「馬の脚」として見た目も美しい装丁で出版されたのです。 二宮先生は言葉の魔術師として日本の文化的伝統にしっかり根付きながらも旺盛な読書を通して近代世界に開かれた芥川を論じた読み応えのある後書きを付け加えてくださいました。又、ロズラン氏は私の訳文を丁寧に精読してコメントを下さいました。そして、思いがけなくも小西財団の日仏翻訳文学賞受賞の知らせが突然舞い込んだのは翻訳者にとって本当に望外の喜びです。その間、励ましてくださった全ての方々にお礼を申し上げたいと思います。 最後に本について一言。短編集「馬の脚」には実にさまざまな人物が登場します。今は昔の男女、知らぬ間に悪魔を日本に上陸させてしまうキリスト教の伴天連、一人称で奇想天外なストーリーを語る魔術の見習いや捨て子、また批評家に完膚なきまでにやっつけられる芥川の分身である保吉などなどです。私にとってはこれ程長く付き合った人物や作品に嫌気が差し、興味を失ってもおかしくはない筈だと思いますが、全くそういうことがなかったのです。アンデルセンの「王様は裸」は読み返せば詰らなくなるとか、ゴーゴリの「鼻」は時間の経過とともに色褪せるという人はいないと同様、私にとって「タバコと悪魔」、「魔術」や「馬の脚」は何十回読んでも魅力的であり、新鮮であり続けました。「今は昔」と雖も、その「昔」はなかなか忘れがたいものです。 |
La traduction de Jambes de cheval d’Akutagawa Ryûnosuke, un voyage au long coursTel un voyage au long cours, un projet éditorial peut s’adjuger une durée et une place obsédantes dans une vie de traducteur. Jambes de cheval, recueil composé de nouvelles d’Akutagawa Ryûnosuke publiées entre 1916 et 1925, ne comporte que dix-sept textes dont certains sont la brièveté même. Pour lui donner une certaine cohérence, l’ouvrage a été organisé en cinq parties, reflet de thèmes prisés par l’auteur. Une entreprise modeste, en somme. Et pourtant, la traduction a erré plus d’une vingtaine d’années dans la mémoire de mon ordinateur. Le projet initial de la Pléiade de consacrer un volume à Akutagawa avait fait naufrage. La conscience lourde, j’ouvrais à l’occasion l’une ou l’autre des nouvelles pour en reprendre la traduction, tandis que mes connaissances et collègues prenaient un malin plaisir à me taquiner : « Alors, ça avance, ton Akutagawa ? » Il aurait fallu tirer un trait, effacer le tout d’un énergique clic de souris, mais je ne pouvais m’y résoudre. Les choses en étaient là quand Ninomiya Masayuki, professeur honoraire à l’Université de Genève, et Emmanuel Lozerand, co-directeur de la collection Japon aux Belles Lettres, ont donné une nouvelle chance au projet. Grâce à eux, Les Belles Lettres ont permis à Jambes de Cheval de voir enfin le jour dans une superbe édition. Masayuki a accepté de rédiger une postface où il dresse un remarquable portrait d’Akutagawa, ce magicien des mots, ancré dans la tradition culturelle japonaise mais nourri aussi par d’innombrables lectures « intenses et ouvertes sur le monde ». Emmanuel a bien voulu relire ma traduction avec autant de soin que de bienveillance. Et voilà maintenant que la Fondation Konishi décerne au livre son prix de traduction littéraire ! Que tous ceux qui m’ont encouragée soient ici chaleureusement remerciés ! Même s’il n’est pas long, le livre fait défiler une ribambelle de personnages, dames et messieurs du temps jadis, missionnaires chrétiens qui débarquent au Japon avec le diable dans leurs bagages, apprenti magicien ou enfant abandonné qui racontent à la première personne des histoires étonnantes, sans oublier Yasukichi, un jeune écrivain qui, à l’instar de son créateur, se fait éreinter par une critique mesquine. À force de côtoyer ces textes, j’aurais pu les prendre en grippe, ou trouver pour le moins qu’ils étaient devenus insipides. Or, ils ont la qualité d’histoires qu’on lit et relit encore sans jamais s’en lasser. Qui dira que le charme des Habits neufs de l’empereur d’Andersen s’étiole à la lecture, ou que Le nez de Gogol ne résiste pas au temps qui passe ? Eh bien, pour moi, Le tabac et le diable, Magie ou Jambes de cheval gardent encore tout leur attrait, toute leur fraîcheur. Des « Histoires qui sont maintenant du passé », certes, mais un passé qu’on prend plaisir à fréquenter. |